Appel des rencontres nationales féministes de Grenoble

Texte "Rencontres féministes nationales à Grenoble du 13 au 17 juillet 2022" Logo de la Coordination féministe

Macron et son monde ont cinq ans pour tout détruire

Nous avons cinq ans pour tout gagner !

Rencontres féministes à Grenoble,

Du 13 au 17 juillet 2022

Les cinq années à venir vont être difficiles.

Le mandat de Macron a été celui de l’aggravation des inégalités. Cinq ans durant lesquels les opprimé·es et les exploité·es ont été constamment isolé·es, attaqué·es, humilié·es. Cinq années d’islamophobie d’état, de déni de la parole et de l’autonomie politique des femmes portant le foulard, de mise au ban de la société de l’ensemble des musulman·es et assimilé·es. Cinq années de mépris du climat. Cinq années de sexisme décomplexé, de culte de la virilité, de débat sur l’existence des personnes LGBTQI. Cinq années pendant lesquelles la lutte contre les violences sexistes n’a jamais été la grande cause du quinquennat. Cinq années pendant lesquelles les luttes féministes ont été instrumentalisées à des fins racistes.

Cette gouvernance ultra libérale a été marquée par la hausse de la précarité chez une majorité de personnes, par le développement de l’ubérisation, de l’intérim, des CDD.

Le plafonnement de l’indemnité chômage, la réduction du nombre de bénéficiaires, la baisse des APL : ces mesures anti sociales ont entraîné, dans le sillage des vingt dernières années, une hausse de la pauvreté, une baisse du pouvoir d’achat et une plus grande difficulté à vivre et à se loger. Les crises économiques à répétition, l’inflation et la hausse généralisée des prix n’ont pas été compensées par une augmentation des revenus. La politique de casse des services publics s’est accentuée ces derniers mois : les moyens dans les hôpitaux ne cessent de baisser, et 5 700 lits ont été supprimés alors même que nous en avons mortellement manqué pendant la crise sanitaire et que nous en manquons toujours.

Le sous-financement organisé par l’État pénalise directement les femmes et les minorités de genre, nous qui occupons déjà des postes très précaires. Nous travaillons pour des salaires minimes, et assurons le travail reproductif, essentiel au fonctionnement social mais pourtant bénévole dans nos foyers ou sous-payé lorsqu’on y est employée. On nous dit qu’il faudrait travailler plus, comme s’il était humainement envisageable de soumettre encore plus nos vies, nos corps, à l’accumulation du capital.

Ces cinq dernières années, on a vu l’État français mater la révolte légitime des laissé·es-pour-compte à coups de LBD. Ces cinq dernières années, ce sont des yeux éborgnés et des mains arrachées, ce sont des policiers qui tuent en toute impunité dans les quartiers. C’est la dissolution des organisations musulmanes et militantes, le passage des lois séparatisme et sécurité globale. C’est la militarisation de la police, qui a eu droit à de nouvelles voitures et trains gratuits, pendant que la majorité de la population peine à se déplacer tant le train est cher et l’essence hors de prix. Pendant que les étudiant·es les plus précaires font la file en masse au secours populaire, Blanquer et Vidal saturent l’espace médiatique de leurs concepts islamophobes et racistes (islamo-gauchisme, wokisme…). Une tentative d’étouffer et d’intimider des revendications légitimes et toute pensée politique alternative. Des pans entiers de recherches critiques universitaires sont menacés, stigmatisés.

Les riches se sont enrichis grâce à la crise, les dividendes n’ont jamais été aussi élevés. Les inégalités sont abyssales. Cela nous mène là où nous en sommes : dans un état social et politique déplorable et dangereux. Du néo-libéralisme, fondamentalement anti-démocratique découle le fascisme comme suite logique. Et rien n’indique que la seconde période Macron sera différente. Bien au contraire.

Le projet pour les 5 ans à venir ? Renforcer la police et les contrôles aux frontières, envoyer les jeunes dans des camps militaires. C’est un projet assimilationniste, il faudra « connaître notre culture » pour envisager d’avoir le droit de rester sur notre territoire. C’est un projet qui envisage de continuer de s’attaquer aux musulman·es, dissoudre des organisations militantes. C’est créer un « plan de résilience nationale » pour nous préparer à supporter les crises à venir – climatiques, sanitaires, guerres… –, nous préparer au pire. La barbarie, toujours.

Le gouvernement veut repousser l’âge de la retraite à 65 ans, prétextant que nous vivrons plus longtemps. Cet argument est mensonger, les pauvres vivent en moyenne 10 ans de moins que les riches. Mais surtout, nous travaillons déjà trop, nous reproduisons, nous ne savons que faire de nos tonnes de déchets. Nous ne pouvons accepter que le sens de la vie humaine consiste à offrir aux capitalistes la possibilité de s’enrichir sur notre dos pendant le plus longtemps possible. Nos vies ont une valeur propre : nous ne voulons pas nous épuiser à participer à l’émission de gaz à effet de serre qui étouffent la terre et qui nous asphyxient. Dans la tête de quel individu est-il possible de ne pas envisager de freiner des quatre fers, pour la survie des peuples et de la planète ? Dans celle de Macron, de ses ministres et des patrons, apparemment.

Les cinq années qui s’ouvrent seront dures. Cinq années de luttes et de résistances. Mais aussi cinq années à construire autre chose, cinq années pour rêver, cinq années pour changer de direction. Pour construire un contre pouvoir face au patriarcat, au patronat, à l’extrême droite, pour être capable de faire contre-société. Cinq années pour tout changer, radicalement.

Cela fait maintenant deux ans que la Coordination Féministe s’est constituée dans l’objectif de reconstruire un mouvement féministe de masse, unitaire et autonome, dans une perspective anticapitaliste. Nous réunissons des collectifs de terrain sur tout le territoire pour continuer à construire ensemble la riposte, la grève générale féministe, la lutte dans la rue. Nous avons organisé des rencontres à Rennes en janvier 2022, qui ont rassemblé plus de 100 organisations féministes ! Nous devons continuer à nous rencontrer pour discuter de nos revendications et stratégies communes, pour se donner du courage, nous mobiliser au sein de nos territoires, dans nos collectifs et nos assemblées.

Pour cela, nous organisons de grandes rencontres nationales cet été à Grenoble, du 13 au 17 juillet. Organisons-nous. Développons les outils nécessaires pour lutter efficacement et collectivement. Construisons un monde qui soit respirable, joyeux, juste, féministe.

Militant·es d’associations et collectifs qui se reconnaissent dans ce texte, construisez avec nous : face à Macron et son monde, il est urgemment nécessaire de nous unir, de faire du commun au-delà de ce qui nous divise, de construire une alternative et des luttes victorieuses à toutes les échelles !

Macron et son monde ont cinq ans pour tout détruire. Nous avons cinq ans pour tout gagner !

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