Texte co-écrit avec les camarades du collectif féministe NousToutes35, pour une riposte féministe internationale face à l’extrême droite !
Dimanche 19 novembre, le candidat d’extrême droite et ultra-libéral Javier Milei a remporté le second tour des présidentielles en Argentine. Il promet des réformes antisociales brutales, contre les droits des femmes et des LGBT, les personnes migrant·es, le monde du travail, la jeunesse.
Comprendre la victoire de Milei
Après le Brésil et le Chili, c’est maintenant en Argentine que l’extrême droite arrive au second tour des présidentielles . La victoire du candidat Milei s’explique en partie par le bilan catastrophique du gouvernement précédent. Celui-ci s’était fait élire sur la promesse de sortir l’Argentine d’un cycle d’endettement sans fin auprès du FMI. Mais au cours du mandat, les inégalités sociales ont continué leur inexorable développement : 40% de la population du pays vit sous le seuil de pauvreté, et l’Argentine enregistre un taux d’inflation de 140% sur un an. Ainsi, le vote Milei peut être compris, en partie, comme un cri de désespoir et de contestation. L’absence d’une alternative crédible à gauche explique aussi sa victoire, de même que le taux d’abstention, de 25% au second tour.
Le mouvement féministe en état d’alerte
« Depende de nosostras » – « cela dépend de nous » affirmait le mouvement féministe pendant la campagne présidentielle, appelant à voter pour le candidat concurrent. Milei est un antiféministe notoire, à l’électorat très masculin, voire masculiniste. Il veut organiser un référendum pour supprimer la loi autorisant l’IVG, droit acquis de haute lutte en 2020 par le mouvement féministe argentin. Il projette aussi la suppression de dix ministères qui sont chargés de la gestion des services publics, comme ceux de la santé et des transports, mais également le ministère des femmes, du genre et de la diversité. Ceci constitue un message clair : avec Milei, le militantisme féministe sera persécuté. Selon nos adelphes argentin·es : « Pour conjurer la peur, il faut encore plus de féminisme ». Le 28 septembre, journée internationale de lutte pour l’avortement, est devenu une date de mobilisation anti-Milei, pour la défense des services publics, l’accès à la santé et à l’éducation. Le 25 novembre, le mouvement féministe a exprimé sa détermination à se battre pour préserver ses conquêtes, à travers le slogan « ni un paso atras » (« pas un pas en arrière »).
Les féministes ne sont pas les seul·es à lancer l’alerte. Toutes les populations marginalisées, exploitées, dominées sont concernées par un président qui promet, pêle-mêle, la dérégulation du marché du travail, l’autorisation de la vente d’organes, la fin des normes anti-pollution, la restriction de l’immigration. Il réactive enfin un vieux rêve des ultra libéraux d’Amérique latine : remplacer la monnaie nationale par le dollar. Cette mesure, censée protéger l’économie contre les effets de l’inflation, s’est systématiquement soldée par un accroissement des inégalités partout où elle a été mise en place.
Solidarité féministe internationale !
Avec la victoire de Milei, une nouvelle période commence pour le féminisme argentin. Il faut malheureusement s’attendre à un accroissement de la répression policière, mais aussi judiciaire et administrative. L’Argentine est un pays où le féminisme est une force politique de premier plan, capable de lancer et de coordonner des grèves d’ampleur, capable aussi d’arracher des victoires. Au niveau régional et mondial, le mouvement féministe argentin s’est illustré comme le foyer de mobilisations aux répercussions considérables, tel le mouvement Ni una menos. C’est une source d’inspiration et de force pour nos luttes, et nous nous tenons aux côtés de nos camarades dans leur combat contre l’extrême droite : la lutte paie !
Solidaires de nos camarades argentin·es, nous appelons à rejoindre toutes les initiatives de soutien qui seront organisées.
Ici comme là-bas, Milei comme le Rassemblement national représentent le danger fasciste. Organisons-nous contre l’extrême droite et ses idées !