Comme le disait une des pancartes, « 2018 sera féministe ou ne sera pas » : en tout cas ce 1er mai 2018 a bien été placé sous le signe du féminisme ! Sous un soleil éclatant, nous avons été nombreuses et nombreux à répondre à l’appel à constituer un cortège féministe et LGBTI+ dans la traditionnelle manifestation du 1er mai, qui se déroule cette année dans le contexte d’une mobilisation nationale des étudiantEs contre la sélection, des cheminotEs contre la casse de leur statut et d’une mobilisation contre la loi asile-immigration de Collomb.
L’idée de ce cortège est de défendre au sein du mouvement social des mots d’ordre féministes et LGBTI+, mais aussi de pousser nos communautés à se mobiliser activement dans le cadre du mouvement social. C’est d’autant plus important que les mois qui ont précédé la mobilisation ont vu se déployer un important mouvement international de dénonciation des violences sexistes sous le hashtag « Me Too » suite à l’affaire Weinstein, qui a abouti en Espagne à un 8 mars particulièrement impressionnant, avec une grève des femmes et des minorités de genre de 5 millions de personnes. En France, plusieurs AG d’une centaine de personnes ont été organisées, et ont donné lieu à un 25 novembre réussi et à une manifestation en propre spécifique sur la question des violences. La mobilisation actuelle doit se nourrir de ces réflexions, de ces revendications et de ces mots d’ordre. De la même façon, la PMA pour touTEs, les droits des trans, sont des revendications clés du mouvement LGBTI+, et nous continuerons à nous battre pour ces droits ! Le reste du mouvement social doit être à nos côtés ! Enfin, notre vision des luttes féministes et LGBTI+ se fait toujours en lien avec la lutte antiraciste : alors que la loi de la honte Asile-Immigration vient d’être votée à l’Assemblée nationale, il est important que les féministes et les LGBTI+ la dénonce dans la rue !
Notre cortège a rassemblé au plus fort 500 personnes et plusieurs organisations, dont le Collectif Féministes Révolutionnaires, FièrEs et les EffrontéEs. La batucada lesbo-trans-féministe Guarichas Cósmikas nous a rejoint et a co-animé avec force et détermination notre cortège, lui donnant une tonalité à la fois particulièrement combative et particulièrement festive. C’est dans la bonne ambiance et sous une pluie de paillettes que nous avons chanté : « Féministes et étudiantEs, même Macron, même combat ! », « Féministes et LBGTI+ avec les cheminotEs vers la grève générale ! », ou encore « On veut des caresses, pas des CRS, on veut des paillettes, pas des mitraillettes ! ».
Pour le Collectif Féministes Révolutionnaires, le fait que nous ayons pu être touTEs uniEs dans un cortège inclusif malgré les divergences qui persistent au sein du milieu féministe (et dont il faut bien sûr que nous soyons capables de discuter collectivement, il ne s’agit pas de les taire) est un point particulièrement important, surtout dans un contexte de mobilisation nationale et de forte répression. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons faire entendre notre voix au sein du mouvement social et au sein de la société, et que nous construirons un rapport de force contre le gouvernement Macron, seul à même de nous permettre d’emporter des victoires immédiates, qui sont des points d’appui indispensables dans la construction d’un renversement social plus global. Ce cortège du 1er mai est un premier pas vers la reconstruction du mouvement féministe et LGBTI+. Une 4ème vague est en train de prendre forme à l’échelle internationale, nous ne devons pas être en reste !
Enfin, et c’est très important, nous tenons à dénoncer la répression du mouvement social qui s’est encore une fois abattue sur nous lors de ce 1er mai. Une partie de la manifestation a été détournée par les CRS, l’autre partie s’est retrouvée nassée, gazée, matraquée et embarquée. Des arrestations arbitraires ont aussi eu lieu dans le quartier latin. Le lendemain matin, on dénombre au moins 109 gardes-à-vue ! Notre collectif dénonce cette entrave au droit à manifester. CertainEs d’entre nous ont même été contrôléEs et fouilléEs par des CRS, contre un fourgon de police, au sortir d’un café à Tolbiac car nous avions une pancarte, un mégaphone et des autocollants qui signalaient notre participation à la manifestation. C’est ce qu’on appelle de la répression politique. Le gouvernement essaye de mettre en place une politique de la terreur pour réprimer le mouvement social.