Macron a parlé lundi soir et sa déclaration n’est clairement pas à la hauteur des enjeux. Augmentation du SMIC de 100€ ? On ne pourrait que s’en réjouir. Mais qu’en est-il de tou.tes ces personnes qui gagnent déjà un SMIC plus 100€ ? Qu’en est-il des mères de famille qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts ? Qu’en est-il des chômeurs et des chômeuses qui sont très loin du SMIC ? Qu’en est-il des lycén.nes qui vont subir de plein fouet la réforme de Parcoursup ? Qu’en est-il encore de tou.tes ces Gilets Jaunes qui ont subi la répression terrible de la police et du gouvernement ? Celles et ceux qui risquent aujourd’hui jusqu’à 6 mois de prison pour être aller manifester ce samedi ?
Ah non auprès de celles et ceux là on ne s’excusera pas, on ne rendra pas justice…
La hausse du SMIC, un écran de fumée
Augmenter le SMIC de 100€ sans que ça ne coûte rien à l’employeur… C’est louche ! Dès ce matin, les principaux médias français titrent “Pourquoi l’augmentation du SMIC promise par Macron n’en sera pas vraiment une”. Il s’agit en réalité de l’effet conjoint de deux dispositions antérieures au mouvement des Gilets Jaunes. D’une part, la revalorisation automatique du SMIC prévue par la loi à chaque début d’année, mais aussi la hausse de la prime d’activité, versée par l’État via la caisse d’allocations familiales. Aucun cadeau fait par Macron, aucune miette lâchée par ce gouvernement ; seulement les conséquences d’une politique pro-patronale faite d’écrans de fumée :
“Augmentation de salaire ou augmentation de la prime d’activité : sur le compte en banque des bénéficiaires, cela revient au même. Mais à plus long terme, la hausse de la prime d’activité sera moins avantageuse pour les salariés que ne l’aurait été une hausse de leur salaire à proprement parler. En effet, la prime d’activité n’est pas soumise aux cotisations sociales. Son montant ne sera donc pas pris en compte au moment où le salarié partira à la retraite pour calculer le niveau de sa pension[1].”
Les autres mesures annoncées (défiscalisation des heures supplémentaires, baisse de la CSG) sont également des stratégies pour détourner nos colères, de fausses solutions qui ne permettent pas de combattre durablement les inégalités économiques, en deux mots : cette allocution, c’est de la poudre de perlimpinpin.
Des femmes de courage…
“Mais au début de tout cela, je n’oublie pas qu’il y a une colère, une indignation (…) C’est celle de la mère de famille célibataire, veuve ou divorcée, qui ne vit même plus, qui n’a pas les moyens de faire garder les enfants et d’améliorer ses fins de mois et n’a plus d’espoir. Je les ai vues, ces femmes de courage pour la première fois disant cette détresse sur tant de ronds-points !” – Allocution d’Emmanuel Macron le 10 décembre 2018 à 20h.
On a entendu Macron s’émouvoir longuement des fameuses “femmes de courage”, qu’elles soient célibataires, veuves ou divorcées, et qui élèvent seules leurs enfants. On a moins entendu Macron s’émouvoir des femmes qui subissent au quotidien les violences sexistes, le harcèlement, le viol, à la maison comme au travail. On ne l’a pas non plus entendu s’émouvoir des manifestant.es brutalisé.es par les “forces de l’ordre” lors des manifestations, ni des lycéen.nes humilié.es et violenté.es, à Mantes-la-Jolies et devant chaque bahut bloqué.
Quelles mesures pour “les femmes de courage”, qui représentent 54% des chömeur.euses, 85% des salarié.es à temps partiel et 80% des bas salaires ? Et quand on ne touche même pas le SMIC, que gagne-t-on à son “augmentation” ?
…qui ont toujours la rage !
Face à un gouvernement qui essaye de nous enfumer pour faire passer la pilule, notre colère et notre détermination demeurent intactes !
Nous voulons des salaires dignes et des emplois pour tou.tes,
Nous voulons la hausse de tous les revenus, retraites, pensions, allocations,
Nous voulons des moyens pour lutter contre les violences sexistes au travail et dans l’espace domestique, des hébergements d’urgence dans tous les quartiers pour les femmes victimes de violences
Nous voulons des parcours de transition intégralement gratuits pour les personnes trans, pour sortir de la précarité
Nous voulons la fin des injustices fiscales, notamment en taxant les profits des grandes entreprises,
Nous voulons des facs et des lycées gratuits, avec des diplômes nationaux qui permettent la poursuite d’études dans la filière de notre choix,
Nous voulons des excuses suite au violences policières, la relaxe de toutes les personnes interpellé.es lors des manifestation des Gilets Jaunes, et la fin de la répression policière et judiciaire des mouvement sociaux.
C’est pourquoi nous serons, samedi 15 décembre, aux côté des Gilets Jaunes et des secteurs mobilisés, à la manifestation parisienne. Rendez-vous à l’Acte V !