Ce dimanche 10 novembre, tou·te·s à la marche contre l’islamophobie, 13h devant la Gare du Nord ! Nous y serons et si vous souhaitez marcher avec nous, nous nous donnons rendez-vous au croisement rue de Dunkerque/rue du faubourg Saint-Denis.
Cette manifestation historique se tiendra dans un contexte gangrené par les scandales médiatiques et les actes de violences successifs visant les femmes portant le voile et les personnes musulmanes en général. Alors que certaines personnalités et milieux féministes ne font qu’ajouter au bruit des bottes ambiant, nous affirmons qu’il est de notre devoir d’être présent·e·s à cette manifestation, pour témoigner aux musulman·e·s notre soutien dans le combat contre l’islamophobie.
Derrière les discours islamophobes se trouve un système de domination. L’islamophobie n’est pas qu’un fléau qui existe dans la tête d’individus, tout comme le sexisme n’est pas juste un ensemble de remarques sur la façon dont on devrait se comporter ou s’habiller. L’islamophobie est un système de domination avec des conséquences matérielles très concrètes : elle sert des intérêts économiques et politiques (par exemple l’embauche d’une main d’œuvre à bas coût sur des emplois difficiles et dévalorisés socialement), elle crée de la discrimination qui pèse sur tous les aspects de la vie quotidienne et elle imprègne toutes les institutions de notre société (justice, police, école etc.).
Cette institutionnalisation de l’islamophobie se traduit, entre autres, par des lois, qui visent en premier lieu les femmes. Depuis 2004, le voile est entré dans l’espace législatif avec le passage de la loi sur les signes religieux dits « ostentatoires », loi qui visait non pas indifféremment l’ensemble des signes religieux mais pour l’essentiel le voile, soit les femmes musulmanes.
Depuis, les politicien·ne·s de presque tous les bords n’ont plus cessé de s’attaquer aux femmes portant le voile. Cette obsession française pour le voile n’est pas neuve ; elle était déjà utilisée comme arme coloniale, notamment pendant la guerre d’indépendance de l’Algérie lorsque le gouvernement français axa sa propagande sur le « dévoilement » des femmes algériennes, au prétexte d’une soi-disant libération qui n’était qu’un instrument pour la sauvegarde de l’Algérie colonisée.
À l’heure où l’islamophobie institutionnalisée construit l’idée d’une incompatibilité radicale entre les musulman·e·s et la société française en développant tout un discours différencialiste, culturaliste et intégrationniste, cette stigmatisation des femmes portant le voile réinvestit le mensonge de la libération des femmes par la société française, blanche et à la tradition coloniale toujours bien présente, tout en les construisant comme « l’autre », caché et menaçant.
Nous refusons que le combat pour l’émancipation des femmes et des personnes LGBTI soit instrumentalisé par les islamophobes de tout poil. Nous refusons de servir de caution aux politiques racistes menées par le gouvernement Macron. Les récents propos de Schiappa sur l’expulsion des étrangers condamnés pour violences sexuelles et sexistes sont inacceptables, comme s’il y avait un lien entre les violences sexistes et les personnes migrant·e·s ! L’islamophobie et le racisme construisent l’image des hommes arabes comme violents et voyous et des femmes arabes comme victimes et soumises : la société française apparaît alors comme le lieu de la civilisation et de la libération, et le capitalisme comme le système de l’épanouissement libéral.
Il est pourtant évident que dans la société patriarcale qui est la nôtre, les violences sexistes existent partout, dans tous les espaces sociaux et dans tous les foyers, y compris au sein des structures de l’État. La violence est produite par un État capitaliste raciste, islamophobe et sexiste, et c’est lui que nous combattrons.
Notre combat est pour l’émancipation de tou·te·s les dominé·e·s et exploité·e·s : nous affirmons donc notre soutien à toutes les victimes d’islamophobie et nous serons ainsi présent·e·s ce dimanche 10 novembre à la manifestation contre l’islamophobie que nous appelons à rejoindre le plus largement possible.
Soutien aux musulmans, soutien aux femmes et LGBTI musulmanes, soutien aux orgas et militant·e·s féministes musulmanes, soutien à l’auto-organisation des dominé·e·s et exploité·e·s !
Crédit photo : banderole de nos camarades Féministes Révolutionnaires de Nantes !