La nouvelle est tombée ce jeudi 5 septembre. Après deux mois d’un silence prolongé au mépris des attentes des votant·es, Emmanuel Macron a enfin nommé un Premier ministre.
Tout changer pour que rien ne change
L’heureux élu ? Michel Barnier, membre des Républicains, qui s’est entre autres illustré en s’opposant à la dépénalisation de l’homosexualité et au remboursement des frais liés à l’IVG, en tenant une ligne particulièrement dure sur l’immigration et en défendant la retraite à 65 ans. Alors que son parti ne représente que 7% des député·es de l’Assemblée nationale, il obtient la tête du gouvernement, balayant le résultat des élections anticipées de juillet. Confronté à l’arrivée de la gauche en tête du scrutin alors qu’il s’attendait à un énième face à face entre son parti et le Rassemblement national, Macron tourne le dos aux processus démocratiques. Non seulement il a repoussé la création du nouveau gouvernement, mais en plus de ça il instrumentalise les institutions démocratiques – si pleines de défauts qu’elles soient – dans le but de sauvegarder sa ligne politique antisociale. Dans ce sens, un gouvernement de gauche, et même de la gauche la plus modérée, la moins rétive aux ors de la République, lui apparaît comme un désastre à éviter à tout prix. Quitte à se rapprocher toujours plus de l’extrême droite, désormais faiseuse de roi.
Ce même jour, nous apprenions également l’arrestation et le placement en garde à vue d’Imane Maarifi, après une perquisition de son domicile. Il y a quelques mois, l’infirmière française était reçue à l’Assemblée nationale ainsi que dans plusieurs médias afin de témoigner des horreurs dont elle avait été témoin en travaillant deux semaines à l’hôpital européen de Khan Younès, dans la bande de Gaza.
Autoritarisme et répression : quand tout s’accélère
Ces deux événements en apparence distincts sont révélateurs du glissement autoritaire que les gouvernements Macron s’autorisent depuis plusieurs années. En refusant d’accepter le résultat des urnes, mais aussi, comme il l’a fait par le passé, en censurant l’opposition parlementaire à coups de 49.3 ou de convocations par les brigades antiterroristes, Macron prouve une nouvelle fois qu’il compte rester à la tête de l’État, coûte que coûte, en faisant régner sa loi.Pire encore : en faisant du Rassemblement national son principal interlocuteur lors des discussions sur la nomination du Premier ministre, et de son approbation un critère prioritaire, la macronie normalise les alliances avec le parti d’extrême droite et lui confère une nouvelle légitimité institutionnelle. Alors que le racisme et les LGBTphobies les plus décomplexés ont désormais pignon sur rue dans les médias Bolloré et, de là, dans le discours public, les portes de la République leur sont elles aussi ouvertes. La lutte pour la Palestine libre est la première à en faire les frais : en poursuivant la répression, la censure et l’intimidation des voix qui s’élèvent pour condamner le génocide en cours, Macron prouve, une nouvelle fois, que la dérive autoritaire de la démocratie française a pour colonne vertébrale le racisme, le colonialisme et l’islamophobie.
Pour une rentrée antifasciste et anticolonialiste
En France, les élections législatives de juillet n’ont pas signifié la défaite de l’extrême droite. Jamais auparavant elle n’avait obtenu autant de député·es à l’Assemblée. Jamais auparavant elle n’avait été aussi proche du pouvoir. La montée des extrêmes droites en France ne cesse de s’accélérer. Nous avons eu une preuve supplémentaire qu’il nous faut aller au-delà des ambitions électoralistes qui, pour l’instant, prévalent chez les sociaux-démocrates du Nouveau Front populaire : puisque la classe dirigeante utilise les institutions démocratiques pour son propre intérêt, c’est par la construction d’un mouvement de masse et d’un contre-pouvoir fort que nous pourrons combattre l’extrême droite et ses allié·es au gouvernement. Parce que nous sommes féministes, révolutionnaires et antifascistes, nous appelons à rejoindre les mobilisations du 7 septembre, et à les poursuivre au-delà et tant qu’il le faudra.
En Palestine, le génocide à Gaza se poursuit depuis onze mois, tandis que, durant l’été, les forces d’occupation israéliennes ont accéléré l’invasion de la Cisjordanie, particulièrement dans les camps de Jénine et de Tulkarem. Les images des massacres continuent d’affluer sur les réseaux sociaux. À cela s’ajoutent les conséquences de la faim et de la soif, ainsi que la réapparition de certaines maladies comme la polio. Parce que nous sommes féministes révolutionnaires et anticolonialistes, nous appelons à rejoindre la mobilisation du 8 septembre et tant qu’il le faudra.
Toute cette gauche qui veut sauver la démocratie doit prendre la question palestinienne à bras le corps. Il ne s’agit pas de deux sujets distincts, mais bien des deux faces d’une même pièce : celle de la montée du fascisme et de toutes les forces réactionnaires, qui ont besoin du maintien du statu quo colonial et suprémaciste pour asseoir leur pouvoir. Il n’y a pas de lutte antifasciste ni de lutte pour la démocratie sans combat pour la Palestine libre, de la mer au Jourdain.