Aux Féministes Révolutionnaires, nous pensons que toutes les dominations sont liées entre elles : le patriarcat et les violences de genre sont indissociables du capitalisme, du racisme, du colonialisme. Nous pensons qu’on ne peut pas les combattre séparément ; et puisque toutes les dominations sont liées, toutes les luttes le sont aussi.
La Palestine est une cause féministe
La Palestine est une cause féministe, parce que la lutte féministe est une lutte pour l’auto-détermination : celle des corps, et celle des peuples. Nous ne serons pas libres tant que d’autres vivront sous l’oppression coloniale !
La Palestine est une cause féministe, parce que les violences de genre et les violences sexuelles sont un outil de tous les conflits armés, de la colonisation et du génocide. Les violences sexistes et sexuelles sont massivement utilisées par Israël pour briser le peuple palestinien : dans les prisons, à Gaza, dans les territoires occupés, Israël viole, torture et tue.
La Palestine est une cause féministe, parce qu’en Palestine les femmes luttent. Elles résistent à la domination coloniale, qui les empêche de disposer librement de leur corps et de leur terre, et se battent contre l’armée israélienne. Elles luttent aussi pour sauver leurs familles des bombes, des flammes et de la famine. Elles supportent des règles sans protections périodiques, des grossesses sans accompagnement, des césariennes sans anesthésie, des deuils par milliers… Tous les jours, elles tentent de survivre au génocide commis par l’armée israélienne.
La répression du mouvement féministe depuis le 7 octobre
Pour toutes ces raisons, depuis un an nous n’avons pas cessé de répéter que la Palestine est une cause féministe. Nous en avons fait le mot d’ordre de nos mobilisations, nous l’avons collé sur les murs, nous l’avons crié dans des mégaphones. Et cela nous a valu une répression d’une ampleur assez rare dans le mouvement féministe.
Pour le 25 novembre de l’an dernier, nous avions organisé un cortège internationaliste en soutien à la lutte palestinienne. Des sionistes sont venues perturber le début de la manifestation, et la presse a titré : « le mouvement féministe en France est-il antisémite ? ». Résultat : Aurore Bergé, à l’époque ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, a menacé de couper les subventions des organisations féministes qui auraient eu des « propos ambigus ». Autrement dit, les organisations qui auraient dénoncé trop fort la colonisation, l’apartheid et le génocide.
Pour le 8 mars de cette année, nous avions coorganisé un cortège anti-impérialiste avec Urgence Palestine. A nouveau, des sionistes sont venus nous prendre à parti, et ont même attaqué des camarades. Et, encore une fois, la presse a titré : « la manif féministe parisienne est antisémite ». Résultat : Darmanin en personne a annoncé ouvrir une enquête pour des slogans entendus ce jour-là.
L’instrumentalisation de la répression du mouvement palestinien par l’extrême-droite
La répression des voix qui défendent la Palestine a commencé avec la lutte palestinienne elle-même. Le plus vieux prisonnier politique de France est un défenseur de la Palestine : Georges Abdallah, libérable depuis 25 ans et pourtant toujours incarcéré à Lannemazan.
Mais depuis le début du génocide, la répression s’est intensifiée. Il y a eu l’expulsion de Mariam Abu Daqqa en novembre 2023, la garde à vue d’Imane Maarifi en septembre 2024, le procès d’Elias d’Imzalène dans quelques jours. Il y a les menaces de dissolution qui pèsent sur les organisations palestiniennes : Samidoun vient d’être classé « organisation terroriste » par les États-Unis et le Canada, et il avait déjà été dissout en Allemagne. Pourtant, ce collectif est primordial car il lutte pour les droits des prisonniers palestiniens et palestiniennes, dans un contexte où Israël utilise l’emprisonnement comme arme de répression massive pour empêcher l’organisation de la résistance du peuple palestinien. Et puis il y a aussi les dizaines de perquisitions chez des militant·es, les gardes-à-vue après des manifs, les contrôles de police pour un drapeau…
Ces attaques contre les militant·es sont d’autant plus menaçantes avec les déclarations du ministre de l’Intérieur, qui remet en cause l’état de droit. Et tout cela est évidemment largement relayé et mis en scène dans les médias de l’empire Bolloré. Car la répression du mouvement pro-Palestine permet non seulement de dissimuler le génocide en cours, mais aussi de faire monter l’extrême-droite. Le Pen, Bardella et tous les autres en profitent tranquillement pour faire oublier leur antisémitisme, en nous traitant « d’islamistes qui sacrifient les femmes juives » pour stimuler l’islamophobie et le racisme de leur électorat.
L’instrumentalisation raciste des violences sexistes et sexuelles
Les violences faites aux femmes n’intéressent que dans deux situations : pour justifier la colonisation, ou pour justifier une nouvelle loi immigration.
Les violences sexistes et sexuelles sont instrumentalisées pour justifier la colonisation israélienne, qui permettrait de sauver les femmes palestiniennes d’une société obscurantiste. Pour justifier le génocide, qui protègerait les femmes israéliennes des terroristes palestiniens. Pour justifier les OQTF et les CRA, qui préserveraient les femmes françaises des viols. Les viols ne les intéressent que s’ils permettent de criminaliser les hommes arabes, musulmans, noirs. Ce racisme d’état s’illustre concrètement avec la volonté de Bruno Retailleau de proposer de nouveau une loi immigration début 2025.
Nous ne laisserons pas l’extrême droite et les sionistes récupérer nos luttes. Nous continuerons à répéter qu’il n’y a pas une catégorie d’hommes plus violente qu’une autre. Et que le patriarcat ne tombera que si nous faisons tomber en même temps le racisme, le colonialisme et le capitalisme.
Nous continuerons à mener une lutte révolutionnaire et féministe, c’est à dire une lutte pour la dignité, la liberté et l’auto-détermination de toutes et tous : Palestine vivra, Palestine vaincra.