Extrait de notre prise de parole au meeting du 25 janvier 2025
Contrairement à ce petit refrain qu’on entend souvent en ce moment, on pense que non, la victoire de l’extrême droite n’est pas une fatalité. On pense que oui, on peut battre l’extrême droite. On peut le faire, on le sait, car on l’a déjà fait. Le mouvement féministe l’a déjà fait. Et si vous ne vous en souvenez pas, sachez qu’en cette fin janvier 2025, on célèbre l’une de ses victoires. Il y a 50 ans, le 17 janvier 1975, le mouvement féministe dans notre pays remporte l’une de ses victoires historiques : il arrache le droit à l’avortement.
Contre l’ordre moral, le poids de l’intégrisme religieux, contre les réactionnaires, contre les extrêmes droites, le mouvement féministe gagne la liberté de décider. 50 ans plus tard, nous continuons de nous tenir debout, fermes, solidaires, déterminé·es dans notre combat pour la liberté et contre l’extrême droite. Car oui, l’extrême droite est l’ennemie de nos libertés. C’est ce qu’on pense, et d’ailleurs on n’est pas les seul·es.
Pour les militantes et militants féministes du monde entier, la lutte contre l’extrême droite est d’une actualité brûlante. Sur tous les continents, dans tous les pays, nos camarades féministes sont au premier rang des mouvements antifascistes.
Féministes et extrême droite : une opposition irréconciliable
Parce que partout dans le monde, nous savons que les fascistes ne menacent pas uniquement nos droits, mais aussi nos vies. Ils sont la guerre en Ukraine et le génocide en Palestine. Nous sommes du côté de celles et de ceux qui résistent, face aux guerres impérialistes et coloniales. Ils sont l’inaction écologique et le désastre climatique. Nous sommes le combat du vivant contre l’accaparement des terres et des ressources. Ils sont les politiques migratoires criminelles qui transforment les frontières en cimetières. Nous sommes l’accueil inconditionnel, l’entraide et la solidarité. Ils sont la traditionnelle hétérosexualité restrictive, ennuyeuse, oppressive. Nous sommes la sexualité joyeuse, éclairée, et consentie.
Nous sommes tout ce qu’ils détestent : les islamogauchistes, les transactivistes, les féministes hystériques, le mouvement MeToo qui va trop loin. Nous sommes leur pire cauchemar car ils sont la répression, et que nous sommes la liberté ! Ils sont l’un des derniers rempart d’un système capitaliste à bout de souffle. Ils veulent sauver le capitalisme ; nous voulons détruire le capitalisme ! Et tout ceux qui veulent sauver le capitalisme, tout ceux qui défendent bec et ongle la grande bourgeoisie pavent la voie à l’extrême droite. Les Macron, les Darmanin, les Retailleau, remettons-les tous à leur place : avec les fascistes, dans les poubelles de l’histoire !
L’extrême droite, comme les patrons, comme les ministres d’un néolibéralisme de plus en plus autoritaire, il faut s’en débarrasser pour tout changer. Parce qu’en fin de compte, c’est ça qu’on veut faire. C’est ça que les féministes dans le monde entier veulent faire : tout changer. Repenser de nouvelles façons de vivre dans un monde féministe.
Ce monde féministe, c’est un monde qui garantit à toutes et à tous des conditions d’existence meilleures. Un monde dans lequel on ne perd pas sa vie à la gagner. Un monde solidaire, émancipé, équitable. Où on a accès à l’éducation, au savoir, à la culture. Un monde sans violence, sans oppression, sans guerre.
Si vous êtes d’accord avec tout ça, vous vous dites peut-être « il a l’air sympa ce “monde féministe”, mais comment on fait ? ». Et ça tombe bien car, même si on a pas toutes les réponses, on a quand même le début d’une idée. Ce monde n’est pas une utopie. Oui, tout changer, c’est possible. Oui, tout changer, c’est à notre portée.
La grève générale féministe est notre stratégie
Les mouvements féministes mobilisent chaque année des centaines de milliers de personnes, des jeunes, comme des travailleur·ses, des chômeur·ses comme des retraité·es. Les féministes constituent aujourd’hui l’un des front de lutte les plus dynamiques et massifs à l’échelle mondiale. On est un mouvement vivant, qui pense, qui analyse le monde, qui élabore des stratégies. Parmi ces stratégies, on s’arrêtera ce soir sur celle qui nous semble la plus pertinente à l’heure actuelle. Celle sur laquelle on vous invite à nous rejoindre : la grève générale féministe.
Quand on parle de grève, on nous répond parfois que ce serait dépassé. Que la grève, c’était bon pour le 19ᵉ ou le 20ᵉ siècle, mais que c’est inefficace aujourd’hui. Pourtant, il y a une chose qui n’a pas changé : notre place dans le rapport de production détermine toujours notre place dans la société. Qu’est-ce que ça veut dire ?
Ça veut dire qu’on a pas la même vie quand on est femme de chambre et quand on est le propriétaire de l’hôtel, et qu’on décide si les bénéfices seront placés à Londres ou à Genève. Ça veut dire qu’on a pas la même vie quand on est caissière chez Auchan, et quand on est un membre de son conseil d’administration qui vote un plan social. Ça veut dire qu’on a pas la même vie quand on est aide-soignante à l’hôpital public, et quand on est le directeur du groupe hospitalier, qui fait des économies en supprimant des lits. On a pas la même vie quand on est assistante maternelle, éducatrice, aide à domicile, blanchisseuse, agricultrice ou femme de ménage, et quand on est ministre. Et le point commun entre tous les secteurs qu’on vient de citer (sauf ministre, bien entendu), c’est que si dans ces secteurs là, si on s’arrête, le monde s’arrête. Car on est majoritaires dans énormément de métiers essentiels.
Et en plus de ça, en plus d’être absolument essentiel·les sur le marché du travail salarié, on effectue chaque jour les deux tiers du travail domestique non salarié et non rémunéré. L’éducation des enfants, le ménage, la vaisselle, tout ça aussi, c’est essentiel. Et là aussi, si on s’arrête de le faire, tout s’arrête.
La grève générale féministe, c’est ça. Grève au travail, grève à la maison, grève partout. C’est comme ça qu’on va paralyser le système, c’est comme ça qu’on le fera plier ! Puisque c’est nous qui faisons tourner la société, c’est nous qui pouvons l’ébranler !
Rejoignez-nous
Alors, bien évidemment pour que ça marche, pour que notre grève devienne générale, puis insurrectionnelle, puis révolutionnaire, il faut qu’elle soit massive. C’est un mouvement massif qui a arraché l’IVG il y a 50 ans, ce sont d’autres mouvement massifs qui ont arraché tous les droits sociaux auxquels nous sommes attaché·es. Quand on parle de mouvement massif, on nous dit qu’aujourd’hui, on y arrive plus. On arrive plus à faire des mobilisations, et surtout des grèves massives. Les gens seraient résignés, et ne voudraient plus se mettre en mouvement.
Pourtant, nous, aux Féministes Révolutionnaires, depuis notre fondation, on a été témoin du contraire. On a fait la lutte contre la loi travail en 2016, on a fait les rassemblements MeToo en 2017, on a suivi la bataille du rail de 2018 et la grève (victorieuse) de l’Ibis Batignolles, on a fait les Gilet jaunes, on a fait la lutte pour les retraites (deux fois), et depuis plus d’un an on est mobilisé·es en solidarité avec la Palestine. Et à chacune de ces occasions, on a constaté une chose : dans tous ces cadres, il y a du monde. Il y a aussi de la combativité, il y a de la colère, il y a par conséquent de la disponibilité à lutter et surtout, la possibilité de gagner. Il s’agit d’en prendre conscience, largement, et de se rassembler, largement.
Se rassembler, ça commence par s’organiser dans un groupe militant ! Rejoignez des groupes féministes, antifascistes, anticapitalistes et rejoignez la grève du 8 mars 2025 !
On tient quand même à vous prévenir (des fois que ce serait pas clair) : le 8 mars, on ne renversera pas le capitalisme (y a encore quelques petites étapes d’ici là). En revanche, on posera une première pierre. Le chemin vers notre libération est long. Et sur ce chemin, il n’y a pas de raccourcis. Mais si vous sentez que le moment est venu pour vous de faire votre premier pas sur ce chemin, on sera ravi·es de vous avoir à nos côtés. Camarades, on vous appelle à rejoindre une lutte consciente et organisée car c’est le seul moyen de faire reculer les réactionnaires.
Et peu importe si cet objectif de les faire reculer peut vous sembler lointain. L’histoire de nos luttes regorge d’exemples où tout à coup, tout s’accélère, et où ce qui semblait un jour hors d’atteinte se retrouve, dès le lendemain, à notre portée.
Nous terminerons en disant simplement ceci : l’extrême droite menace nos vies, alors soyons une menace pour l’extrême droite. Soyons le retour de flamme.