Cette année encore, nous serons dans la rue le dimanche 28 septembre, pour défendre le droit à l’avortement en France et partout dans le monde. Arraché il y a de cela 50 ans par le mouvement féministe, ce droit n’est toujours pas garanti, ni ici, ni ailleurs.
Une situation internationale contrastée
Dans le monde, les droits reproductifs des femmes et des minorités de genre sont plus que jamais menacés. Malgré des avancées dans certains pays — comme en Norvège, où le délai légal pour recourir à une IVG a été allongé à 18 semaines en 2025 —, les reculs s’accumulent plus vite que les victoires.
Les grandes entreprises du numérique, Meta en tête, facilitent la progression de l’extrême droite et la diffusion des pensées les plus réactionnaires : des contenus et des sites Internet diffusant des informations liées à la santé sexuelle et aux droits reproductifs sont supprimés aux États-Unis, des groupes WhatsApp de soutien et d’aide à l’avortement sont supprimés du jour au lendemain au Mexique et en Colombie. Partout, les organisations féministes dénoncent de véritables vagues de censure, y compris dans les États où l’avortement est légal.
Tandis que le président argentin Javier Milei qualifie l’IVG de « meurtre aggravé » et l’accuse de faire chuter la natalité de son pays, Donald Trump veut faire brûler 8 millions d’euros de pilules contraceptives destinés à l’Afrique.
Il annonce aussi la réintégration des États-Unis dans la Déclaration du consensus de Genève, un pacte international anti-avortement. Il n’est pas seul : les États-Unis rejoignent plus de trente-cinq autres pays, parmi lesquels la Hongrie et la Russie.
Ces nombreux exemples illustrent une fois de plus comment l’extrême droite et les réactionnaires attaquent nos droits reproductifs et notre autonomie, partout où ils parviennent à s’emparer du pouvoir.
L’austérité : une attaque contre nos droits
Le néo-libéralisme rogne sur nos droits reproductifs et sur notre autonomie. Les politiques d’austérité incessantes des dernières décennies, qui sacrifient les services publics de santé au profit des grandes entreprises, ont des conséquences directes sur nos vies.
On exige désormais des hôpitaux qu’ils soient rentables. Résultat : les services les moins lucratifs, comme ceux qui proposent des actes de gynécologie, ferment les uns après les autres.
Au début de l’année, 7 centres de santé sexuelle de proximité fermaient leurs portes dans la Drôme, tandis que le Planning familial local était amputé de 20 % de ses subventions. Selon les régions, il y a plus de onze jours d’attente entre la première demande d’IVG et sa réalisation, et 17 % des avortement ont lieu hors du département des personnes qui y ont recours.
Dans l’Ain, il s’agit d’une IVG sur deux. La raréfaction croissante des centres hospitaliers, des maternités de proximité et des centres IVG rend les trajets d’autant plus longs, plus coûteux et plus difficiles.
Pour les onze millions de femmes et minorités de genre résidant à la campagne, pour certaines sans voiture et sans infrastructure de transports, se rendre à l’hôpital de façon autonome est complexe, voire impossible. Sans parler de la situation particulière des mineur·es, souvent privé·es de toute indépendance…
Alors que les moyens diminuent, le nombre d’IVG pratiquées chaque année en France augmente : 250 000 personnes y ont eu recours en 2024. Il faut inverser la tendance : les moyens alloués doivent suivre l’évolution des besoins ! Cette contradiction flagrante illustre bien comment la récente et très médiatique constitutionnalisation de l’avortement n’est qu’un écran de fumée. Garantir la liberté d’avorter, c’est bien. Garantir l’accès effectif à l’avortement, c’est mieux !
Par ailleurs, avoir recours à l’IVG, quand on y parvient, est encore bien trop souvent source de violences au sein même des institutions médicales : mépris, insultes et violences gynécologiques sont monnaie courante lors d’un avortement, et s’additionnent au racisme et à la transphobie.
L’extrême droite en embuscade
Ces coupes budgétaires se conjuguent à des discours réactionnaires anti-avortement de plus en plus diffusés. Dans les écoles privées, des associations anti-IVG interviennent lors des cours d’éducation à la sexualité. Dans la rue, des milliers de militant·es anti-IVG manifestent chaque année à Paris. Quant aux médias, un téléfilm pro-vie américain à été diffusé lors de la fermeture de C8.
Bolloré, milliardaire d’extrême droite, finance et diffuse ces discours sur ses chaines de la TNT. Des députés du Rassemblement national ont, par le passé, également comparé les avortements à un génocide de masse.
Le « réarmement démographique », un outil raciste de contrôle des naissances
Macron alimente les discours de l’extrême droite en appelant à un « réarmement démographique », mais seulement pour une partie de la population. Les personnes pauvres et racisées sont elles accusées de faire trop d’enfants. En Outre-mer, le gouvernement promeut depuis longtemps le contrôle des naissances.
Cela encourageait les avortements et stérilisations forcées de milliers de femmes noires à la Réunion, en Guyane, en Martinique et en Guadeloupe dans les années 1960-70, alors même que l’avortement était encore interdit en France ! Pour l’État français : des vies comptent, d’autres non.
La gynécologie s’est construite en exploitant le corps de femmes noires esclaves issues de la traite transatlantique, et encore aujourd’hui, les femmes noires ont plus de risque d’être victimes de violences médicales et de mourir en accouchant. Leurs souffrances sont ignorées et moquées en invoquant des mythes racistes comme le « syndrome méditerranéen ». Aux Antilles, et malgré les avancées de la médecine, la mortalité maternelle est deux fois plus élevée qu’en France continentale, selon Santé Publique France.
28 septembre dans la rue, dès demain on continue !
La colère contre les mesures d’austérité et les restrictions budgétaire est au cœur du mouvement de contestation sociale qui a éclaté depuis le 10 septembre. Dans ce contexte, la journée de lutte pour l’IVG peut et doit s’articuler avec cette mobilisation. Il faut l’envisager comme la continuité et le trait d’union entre les deux journées de lutte passées et toutes les actions à venir.
Le 28 septembre, nous manifesterons pour défendre un budget féministe. Un budget qui finance massivement les services publics de santé. Car c’est la seule garantie d’un accès à l’IVG effectif pour tou·tes, et qui permette de rouvrir les centres de santé sexuelle et les maternités de proximité qui ont été condamnés à fermer.
Contre les réactionnaires et les fascistes qui réclament plus de bébés blancs et se lamentent sur la fable raciste du « grand remplacement », nous défendons l’autonomie de toutes les femmes et minorités de genre et les moyens pour chacune de décider quand et comment avoir ou ne pas avoir un enfant.
Le 28 septembre, nous manifesterons pour renverser un système qui entend disposer de nos corps pour servir des intérêts capitalistes et réactionnaires. Un système qui enrichit les riches et ne se contente pas d’appauvrir les pauvres : il nous exploite sans nous donner la moindre miette en retour.
De l’argent, il en faut, pour les planning familiaux !
Et l’argent on le prendra, dans les caisses du patronat !
Retrouvons-nous le 28 septembre à 13h sur la Place de la République, pour un cortège joyeux, déterminé, féministe et révolutionnaire !