Féministes parce que révolutionnaires
Nous sommes un collectif féministe né en 2016 des mobilisations contre la loi Travail. Nous défendons un féminisme révolutionnaire anticapitaliste, antiraciste, antifasciste, pro droits des personnes trans, respectueux des droits de travailleur·euses du sexe et radicalement solidaires des peuples opprimés.
Par la grève féministe, nous pensons qu’il est possible d’arracher de nouveaux droits et se rapprocher de notre horizon : le renversement complet du système pour des vies dignes, libres, sans exploitation ni violences.
À notre échelle, partout où l’extrême droite menace nos choix, nos corps et nos vies, partout nous la combattons – comme dans les rues de Paris le 8 mars dernier, où un bloc unitaire féministe et antifasciste est parvenu à mettre en échec le collectif d’extrême droite Némésis et le groupe impérialiste pro-Nethanyaou Nous Vivrons.
Face à la répression : unissons nos forces
Si nous avons déjoué la récente tentative des groupes réactionnaires Némésis et Nous Vivrons de s’imposer à nos mobilisations, le contexte reste celui d’une répression permanente du mouvement de solidarité avec la Palestine et des personnes migrantes, et de tentatives de fragmentation de nos luttes antiracistes, anticoloniales, antifascistes, écologistes et féministes : en témoignent les récentes décisions grossièrement autoritaires de dissolution d’Urgence Palestine et de la Jeune Garde.
Il est de notre responsabilité collective de nous dresser contre la montée du fascisme ; contre la politique génocidaire du gouvernement Israélien ; contre la restriction de nos libertés au nom de la préférence nationale, de guerres extérieures et de menaces intérieures mobilisées à l’envi pour le maintien d’un ordre raciste, capitaliste et patriarcal.
Le capitalisme, c’est toujours la guerre
Nous reprenons avec force l’appel lancé en 1915 par la Conférence internationale des femmes socialistes unies contre la guerre :
À bas la guerre, à bas le capitalisme, qui sacrifie des hécatombes d’êtres humains à la richesse et au pouvoir des classes possédantes !
Plus de 100 ans plus tard, alors que la vie est toujours plus chère, que le système capitaliste est à bout de souffle, que les coupes budgétaires dans la santé et l’éducation se multiplient, voilà ce qu’envisagent l’État français et les états-majors : rogner sur les droits des travailleur·euses, encourager l’économie de guerre et augmenter les dépenses militaires tout en puisant dans l’investissement privé, mais aussi et surtout dans l’argent public et, pourquoi pas, dans les épargnes des classes populaires.
Mais nos frontières ne suffisent guère : le capitalisme, par sa logique d’expansion et d’accumulation sans fin, a toujours besoin de la colonisation et des guerres impérialistes.
Elles lui permettent de s’accaparer des ressources naturelles, des territoires et des biens communs, qui ne conduisent qu’à des dévastations et à l’enrichissement d’une poignée de banques, d’actionnaires et d’industriels de l’armement et de la défense – Thales, Dassault Aviation, Safran, pour n’en citer que quelques-uns en France.
L’industrie militaire demeure un secteur extrêmement profitable qui dépend directement des besoins guerriers et sécuritaires des États, au service de leurs armées, de leurs forces de l’ordre et de leurs gardes-frontières.
Hier comme aujourd’hui, « les affaires fructifient sur des décombres » (Rosa Luxemburg).
Les féminismes blancs, rouages historiques de l’impérialisme colonial
La soi-disant défense des femmes opprimées dans les pays à conquérir et à coloniser a toujours été un des fondamentaux de la mission civilisatrice occidentale. Aujourd’hui, l’idée que nos sociétés européennes sont intrinsèquement plus favorables à l’émancipation des femmes est très largement partagée, des classes populaires aux élites.
Elle va de pair avec la construction de la figure de l’étranger, souvent musulman, comme une menace, un potentiel terroriste et un oppresseur pour les femmes. Ce racisme et cette islamophobie, sous-couvert d’un discours pseudo-féministe, permettent de déshumaniser des populations entières ; ils servent à justifier autant les guerres coloniales dans un pays lointain que la répression brutale contre les populations issues de l’immigration et les classes populaires, désignées comme ennemi de l’intérieur.
Des cérémonies de dévoilement forcé des algériennes par les colons, à la guerre pour « sauver les afghanes », en passant par le fémonationalisme du collectif identitaire Némésis, c’est la même logique qui est à l’œuvre. Une logique contre laquelle nous devons lutter chaque jour.
Nous nous engageons sans réserve dans le combat antimilitariste contre les guerres impérialistes faites au nom des « droits des femmes et minorités de genre » par ceux-là même qui les exploitent et les violentent, au Nord comme au Sud.
Les guerres empirent la condition de vie des femmes dans les pays attaqués et colonisés
L’utilisation du féminisme à des fins impérialistes est d’autant plus insupportable que ces conflits se révèlent être de véritables guerres contre les femmes.
À travers le viol, qui est une arme de guerre à part entière utilisée par les colons pour asseoir leur domination sur les corps colonisés. N’oublions pas que pendant la guerre du Vietnam, les viols et la prostitution forcée sont devenus des pratiques tolérées voire encouragées. N’oublions pas que l’armée française en a fait de même pendant ses occupations au Sahel, comme au Tchad de 1983 à 1984. N’oublions pas que l’armée génocidaire israélienne a recours au viol pour dégrader et humilier les palestinien·nes, femmes et hommes confondus.
À travers la destruction du vivant qui a systématiquement un impact direct sur les femmes. Un exemple parmi tant d’autres : la multiplication des bases militaires et essais atomiques dans les atolls du pacifique ont non seulement réduit les ressources de pêche et d’agriculture, rendant la vie de plus en plus dure, mais ont aussi eu un effet dévastateur sur la santé des populations, notamment la santé reproductive des femmes, avec des fausses couches et malformations en grand nombre.
Enfin, à travers la destruction des économies locales et des infrastructures indispensables à la subsistance et à la reproduction sociale des communautés, qui, au vu de la division genrée du travail, est en grande majorité à la charge des femmes : lorsqu’il n’y a plus d’ épiceries, d’hôpitaux, de crèches, d’écoles, ce sont les femmes qui prennent en charge ce travail. En Ukraine, le soutien aux combattants au front et aux populations civiles est en grande partie assurée par le travail de reproduction et de résistance bénévole effectué par les femmes à l’arrière, en particulier celles des classes populaires.
Emprisonnées, affamées par les embargos économiques et les famines organisées, déplacées, blessées et tuées par les bombes, les frappes de drones, les mines, ou directement par les soldats sur le terrain… en temps de guerre, toute la survie quotidienne devient une bataille.
Les guerres empirent la condition de vie des femmes au coeur des états coloniaux
Faire la guerre à la guerre, c’est également rejeter le continuum de violences qui prend sa source à l’intérieur même du territoire national. Ici aussi, les femmes voient leur conditions de vie être dégradées par les logiques guerrières.
L’exacerbation du racisme transforme les femmes racisé·es, et notamment celles qui font le choix de porter le foulard, de victimes à sauver des bras de leurs pères, maris ou frères en menaces à écarter, au moins de l’espace public.
La militarisation s’accompagne également de tout un ensemble de mesures austéritaires – destruction du système de santé et coupes dans le budget de l’éducation par exemple – dont les femmes sont les premières victimes. Au lendemain du discours martial de Macron, le patron du MEDEF, Patrick Martin, a suggéré de repousser l’âge de la retraite à 70 ans, afin de financer l’économie de guerre. Or, on sait que, au vu de leur précarité, les femmes seront les premières victimes d’une telle mesure.
Enfin, la remilitarisation du pays commence par la remilitarisation des esprits : à l’école, avec les « classes engagées » destinées à accélérer la mise en place du Service National Universel (SNU), ou par le biais d’une rhétorique nationaliste et nataliste appelant au « réarmement démographique ».
Se préparer à la guerre, c’est renforcer le modèle patriarcal de la société et rigidifier les normes de genre afin de préparer les hommes aux combats et les femmes à leur rôle traditionnel de mères dociles et dévouées.
Révolution féministe ou barbarie
La guerre a des effets dévastateurs sur les femmes du monde entier, qu’il s’agisse de la manière dont elle exerce sa violence ou de son industrialisation. Elle est une entreprise de destruction organisée à l’intersection du patriarcat, du capitalisme et du colonialisme.
Une paix durable ne peut exister que si nous renversons ces trois piliers qui maintiennent le système debout. La libération des femmes et des minorités de genre ne pourra se réaliser qu’avec celles des peuples et des classes opprimées.
Nous nous joignons à la coalition Guerre à la guerre
Parce que nous refusons de rester spectateur·ices de près d’un demi-million de Palestinien·nes confronté·es à une famine catastrophique imposée par Israël qui continue de larguer ses bombes sur la bande de Gaza pour mener à bien son projet génocidaire.
Parce que notre lutte pour l’émancipation de toustes passe par la lutte contre les guerres impérialistes, contre l’exploitation des populations colonisées, des travailleur·euses, des prisonnier·es et des personnes migrantes au profit de guerres et massacres.
Parce que nous voulons arrêter les puissants et les bellicistes de ce monde : par la grève, par l’insubordination, par la révolte !
Parce que nous luttons pour un monde fondé sur la solidarité internationale, l’autodétermination des peuples, la répartition des richesses, la libre disposition de nos corps.
Nous appelons à rejoindre et soutenir les cadres antiracistes, anticolonialistes, de résistance au génocide en Palestine, de solidarité avec tous les peuples qui luttent pour leur libération et leur autodétermination.
Pour désarmer le militarisme et enrayer la course à l’armement : mobilisons-nous du 20 au 22 juin prochain contre la tenue du salon du Bourget !
Pas de guerre entre les peuples, pas de paix entre les classes