Contribution du collectif aux États Généraux LGBTI+ d’Ile de France du 29 janvier 2017

Collectif Féministes Révolutionnaires

“Main dans la main contre l’ennemi commun”
Face aux attaques, bâtir la convergence des luttes entre les mouvements LGBTIQ+, féministes, antiracistes et ouvriers

 De quel ennemi commun parle-t-on ?

1) L’extrême droite & le racisme généralisé de la classe dirigeante

cf. Le discours de Maréchal-Le Pen à l’Assemblée sur l’extension du délit d’entrave à l’IVG
Reprise d’arguments vus comme féministes par ces milieux réactionnaires (“les vraies menaces qui planent sur les femmes” = les migrants et l’islam). En réalité, nous ne devons pas rentrer dans le piège de cette tentative de division de notre classe, et s’unir pour mettre fin aux oppressions.

D’un côté, une situation économique de crise des profits, de l’autre une situation politique de désaffiliation massive des partis de gouvernement de la part des classes populaires. Les partis de gouvernement n’ont rien d’autre à proposer qu’accentuer la crise des profits et les politiques antisociales. L’islamophobie et le racisme devient alors une des dernières armes dans les mains des dirigeantEs pour attirer à eux un vote ouvrier. Le racisme justifie non seulement les politiques impérialistes horribles menées dans des pays arabes ou musulmans permettant aux entreprises françaises de gonfler leur taux de profit, mais c’est aussi en France un des outils les plus importants de maintien des réactionnaires de tout poil au pouvoir.
Une des façons effectivement les plus efficaces de gagner un vote populaire sur des bases racistes & islamophobes, c’est l’argument de « la domination des femmes », d’où la violence s’exerçant de toute part sur les femmes musulmanes.
Outre un enjeu proprement féministe à défendre les femmes victimes de l’islamophobie, il y a un enjeu stratégique pour toute personne pensant que capitalisme et patriarcat sont liés d’une façon ou d’une autre, puisque le capitalisme se maintient en grande partie grâce au racisme et à l’islamophobie. Le destin des femmes et minorités de genre est lié au destin des musulmanEs – et inversement.

2) La police, bras armé de l’État

IssuEs du mouvement contre la Loi Travail, nous avons touTEs été témoins ou victimes de la répression policière à l’égard des manifestantEs. A titre d’exemple, Kara Wild, militante trans américaine a été arrêtée de manière arbitraire pour avoir soi-disant cassé la vitre de la voiture de police brûlée sur le quai de Valmy. Elle est aujourd’hui dans une prison pour hommes depuis plus de 6 mois, et n’a donc pas accès à son traitement hormonal. Cette attaque transphobe de la part de l’État et de cette justice de classe démontre bien le climat LGBTIQ+phobe perpétré par l’État et son bras armé.
Cette répression, policière et judiciaire, contre les personnes s’organisant contre les politiques d’État  ne va pas s’arrêter et aujourd’hui elle s’étend de plus en plus à des franges militantEs jusqu’alors relativement épargnées par la violence répressive. Vu les sombres perspectives politiques s’annonçant à l’horizon 2017, il y a fort à compter que désormais, et tant que militantEs LGBTIQ+ nous en seront victimes d’une façon jusqu’alors inconnue pour nous.

3) Agressions putophobes et homophobes (juin et juillet 2016)

En juin 2016, les marcheuses de Belleville se réunissent et dénoncent les violences policières dont elles sont victimes. Un mois plus tard, un couple de jeunes gays est agressé par des policiers en civil près d’Hôtel de Ville. Les Travailleu-r-se-s Du Sexe et LGBTIQ+ sont particulièrement vulnérables face aux abus de pouvoir. Iels sont de plus en plus précariséEs. Les attaques antisociales qui se perpétuent depuis des décennies affaiblissent et précarisent les TDS et LGBTIQ+. De plus, la loi prévoyant la pénalisation des clientEs ne font qu’accroître cela. Nous sommes solidaires des TDS et marchons avec elleux dans la lutte contre les oppressions et le capitalisme.

Le contexte est celui d’un mouvement divisé par des dissensions internes

Alors que le collectif 8 Mars Pour TouTEs annonce sa dissolution en septembre 2016, les mouvements féministes intersectionnels boudent les événements relayés par les organisations institutionnelles. Nous étions 7 000 personnes dans la rue pour la Women’s March parisienne en soutien aux militantEs anti-Trump outre-Atlantique. En effet, les organisations ayant appelé à la manifestation parisienne sont en majorité réformistes et institutionnelles. Pour autant, nous considérons que nous devons participer à ces manifestations et reprendre l’initiative en organisant des cortèges radicaux et révolutionnaires. Le féminisme et les luttes LGBTQI+ se reconstruisent à large échelle et attire une nouvelle génération de militantEs. Nous ne naissons pas radicaux, et c’est peu à peu que nous le devenons ; c’est pourquoi nous pensons qu’il faut, tout en revendiquant une orientation différente de ces orgas, se rendre le plus possible à ce genre d’événements. Ne pas s’y limiter, mais ne pas s’empêcher de convaincre des gens qui restent à convaincre.
Le lendemain de la marche contre Trump, au même endroit, les anti-avortement de la Marche Pour la Vie seront plus de 10 000. Ne devrions-nous pas nous inquiéter qu’il y ait davantage de réactionnaires que de féministes dans les rues de Paris ? Ce qui constitue un triste écho à la journée du 16 octobre, ou au lendemain de l’Existrans, la Manif Pour Tous enregistrait des taux de participation, certes en deçà de ses espérances, mais néanmoins significatifs, alors même que les campagnes électorales pour 2017 ne débutaient que timidement.

 
Le contexte est celui d’une présidentielle qui n’annonce rien de bon

Quel que soit le gouvernement élu en 2017, il faut s’attendre à des attaques. Il faut s’organiser dès maintenant pour préparer une riposte. Le mariage pour touTEs n’a été qu’une première étape et le gouvernement actuel repousse sans cesse les débats sur la PMA.  Nous n’attendons rien de ce gouvernement et du futur gouvernement mais nous devrons continuer à porter nos revendications (liste non exhaustive) :

–        Accès à la PMA pour toutes
–        Accès à la GPA
–        Changement d’état civil libre et gratuit sur simple demande
–        Dépénalisation des clientEs

Passer à l’offensive

Nous appelons non seulement à reconstruire les ponts entre mouvements LGBTIQ+ et mouvements féministes, mais également à créer le lien avec les mouvements ouvriers et les luttes sociales dans leur ensemble. Nous devons lutter collectivement contre nos oppressions et faire converger nos luttes.

Les échéances et revendications à défendre :

1) L’appel à la grève du 8 mars : il faut se servir des dynamiques impulsées par les centrales syndicales pour que cette grève ne concerne pas seulement les femmes cisgenres. Grève générale de toutes les minorités de genre et d’orientation sexuelle ! Grève sur les lieux de travail et sur les lieux d’étude !

2) Nous prévoyons d’œuvrer avec des postier·e·s en lutte en Île-de-France, pour proposer  des bureaux de poste transfriendly. “Ici, les personnes trans* peuvent récupérer leurs            colis”. Parce que la loi du 18 novembre n’est ni claire, ni satisfaisante, mais surtout     fragile, il faut passer à l’offensive avant la fin du quinquennat pour les droits des            personnes trans*.

3) Soutenir les luttes antiracistes et anti-répression comme la mobilisation pour Adama        Traoré.

4) Dénoncer la virée à droite des LGBTIQ+ et le pinkwashing.

5) Faire un cortège féministe et LGBTIQ+ le 19 mars, journée de manifestation nationale    contre les crimes policiers et le racisme institutionnel.

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Parce que notre féminisme affirme que nos vies ne sont pas des vies de second plan,
Parce que notre féminisme vise au renversement complet des structures sociales facteurs d’oppressions,
Parce que notre féminisme ne peut se réaliser que dans la volonté d’éradiquer toute l’idéologie de la domination,

Tant qu’il le faudra : Féministes Révolutionnaires !

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