Notre appel pour le 8 mars

Collectif Féministes Révolutionnaires

Grève sur les lieux de travail et sur les lieux d’étude !  Le 8 mars n’est que le début !

 

Cette année, le 8 mars – journée internationale de lutte pour les droits des femmes et des minorités de genre – est porteur d’enjeux particuliers. 

En France, le 8 mars se place au cœur d’une situation politique explosive : imposition de lois liberticides et anti-sociales, répression, violences policières racistes… Dans ce contexte, de nouveaux liens de lutte ont été créés et consolidés : lycéen·ne·s, collectifs, syndicalistes, militant·e·s pour la justice des victimes de violences policières, grévistes de la Poste, de la Fnac, des hôpitaux… Tout cela à l’approche des élections présidentielles, avec pour tout horizon la certitude d’un gouvernement réactionnaire. D’Emmanuel Macron à Marine Le Pen, la remise en cause du Code du travail, la destruction des services publics, la précarisation et la dégradation certaine de la situation déjà délétère des femmes et des personnes LGBTQIA+ nous rappelle la nécessité urgente de nous unir dans la lutte. 

De fait, la lutte pour les droits des femmes, des minorités de genre et des minorités sexuelles semble émerger plus largement à l’échelle internationale, sous l’égide d’une nouvelle génération féministe, non seulement dans des milieux d’expression virtuels mais aussi dans la rue. En Amérique Latine, les Ni Una Menos s’attaquent aux violences sexistes. Aux Etats-Unis et dans le monde entier, les Women’s March, radicales et inclusives, ont fait le lien entre les attaques contre les femmes et les personnes trans, et le racisme et l’islamophobie. En Pologne, le combat pour l’avortement nous a rappelé que le droit à disposer librement de nos corps ne sera jamais un acquis. En Islande, la grève des femmes a remis au centre du débat la modalité de la grève dans les luttes féministes. Certaines idées, auparavant confinées aux seuls milieux féministes et queers radicaux et restreints, se popularisent : de grands magazines comme Elle et Teen Vogue, avec des articles politiques engagés et historiques, ont rappelé au grand public que femme et politique n’étaient pas mutuellement exclusifs. Des millions d’Américain·e·s sont descendues dans la rue sur des mots d’ordre radicalement anti-racistes et anti-transphobes. 

Dans cette double situation d’une montée des courants réactionnaires partout dans le monde et d’une reconstruction de collectifs de lutte dans différents secteurs de la société, trois confédérations syndicales ont lancé un appel à la grève pour le 8 mars : la CGT, Solidaires et la FSU. Bien que cette initiative ne soit pas présentée comme centrale par les directions de ces confédérations, il est clair que cet appel va faire descendre dans la rue un certain de nombre de femmes, y compris de femmes trans  et des minorités de genre, qui d’habitude ne se mobilisent pas à l’occasion du 8 mars, encore moins pour se mettre en grève. 

À la veille de l’élection de 2017 qui verra sans aucun doute élire un gouvernement encore plus réactionnaire et violent que celui de François Hollande, au lendemain d’un mouvement qui a re-mobilisé le mouvement social traditionnel (étudiant·e et salarié·e·s syndiqué·e·s) et des militant·e·s des quartiers populaires, et en pleine ouverture du mouvement féministe à un milieu beaucoup plus large que celui des militant·e·s convaincu·e·s, notre responsabilité féministe est de répondre présent·e·s sur tous les fronts et de faire le lien entre ces différentes luttes.

Le 8 mars, touTEs dans la rue !

Depuis 2012, le 8 mars francilien s’organise autour de deux événements distincts : la manifestation “officielle” du CNDF (Collectif National pour le Droit des Femmes), et la manifestation du 8 Mars Pour TouTEs, montée en 2012 en réaction à l’exclusion par la force de la manifestation du CNDF de femmes voilées et de travailleuses du sexe, sans réaction de la part des organisatrices . Malgré un héritage fort et positif des luttes pour le libre droit à disposer de son corps des années 70, il faut bien constater que le CNDF a évolué vers un certain type de féminisme : celui qui ne recherche pas de lien avec les questions LGBTQIA+, et qui pense aux femmes uniquement en termes de “femmes cisgenres[1]”, celui qui exclut des femmes voilées sous couvert de “lutte contre les religions”, celui qui exclut des travailleur·euse·s du sexe au nom de leur volonté d’éradiquer la prostitution forcée, et celui qui est essentiellement engagé dans des associations et collectifs liés à l’État et aux partis de gouvernement. 

Depuis sa création, le 8 Mars Pour TouTEs n’a fait que grossir, jusqu’à sa dissolution en septembre 2016.

Pour nous, l’héritage du 8 Mars Pour TouTEs doit être une force pour poursuivre le combat : il a montré que nous étions nombreu·se·s à vouloir construire des mouvements féministes inclusifs et radicaux, qui s’adressent à toutes les personnes subissant les violences sexistes dans cette société. Nous estimons que nous sommes désormais assez fort·e·s pour porter la contradiction au sein de la manifestation officielle. Ce n’est pas en abandonnant le terrain médiatique aux récupérations réformistes, voire réactionnaires avec le FN, du féminisme, mais au contraire en faisant porter nos voix là où elles seront entendues, que nous défendrons cette ligne inclusive et révolutionnaire qui est la nôtre.

Le 8 mars, des personnes exploité·e·s, répondant à l’appel des syndicats, descendront dans la rue. Parmi elles, des salarié·e·s trans, des femmes voilées, des mères de famille précaires qui peinent à joindre les deux bouts entre des jobs sous-payés et le boulot éreintant à la maison ; parmi elles, des jeunes étudiant·e·s et travailleur·euse·s qui découvrent le féminisme à travers ce qu’elles en voient et en entendent autour d’elles et qui font le lien avec toutes les violences qu’elles vivent au quotidien : racisme, harcèlement, lesbophobie, haine de soi… Nous y serons présent·e·s pour leur présenter une autre vision du combat féministe, autogestionnaire et indépendant, pour y défendre des perspectives révolutionnaires en lien avec les luttes contre les violences policières, le racisme, l’exploitation au travail : pour rappeler que nous ne sommes pas obligé·e·s d’accepter de subir le capitalisme et la corruption, et qu’une autre société est possible. 

Le 8 mars, emparons-nous de toutes les occasions pour défendre nos droits et faire entendre nos voix !

 

Nous, Collectif Féministes Révolutionnaires, appelons à participer à la manifestation du 8 mars à 17h30 (départ Place de la République) au sein d’un cortège inclusif et révolutionnaire !

Nous appelons également à rejoindre la manifestation alternative à 19h30.

Enfin, nous serons présent·e·s à la manifestation du 11 mars que Femmes en Lutte 93 organise à Saint-Denis.

 

Le 3 mars à 17h nous organisons une formation sur les 100 ans du 8 mars et de la révolution russe à La Mutinerie, au 176 rue Saint-Martin (Paris 3ème). Cette formation  sera suivie d’une FÉMINISTEUF pour se rencontrer et danser à partir de 19h, grâce à laquelle nous récolterons des fonds pour alimenter une caisse de grève pour le 8 mars. Voir notre article à ce sujet ici.

Nous appelons à construire la grève des femmes et de toutes les minorités de genre et d’orientation sexuelle ! 

Parce que le mouvement féministe francilien nous appartient également, nous entendons y inclure nos revendications :

• Fin des inégalités salariales et des discriminations dans le monde du travail sur le critère du genre, de l’orientation sexuelle, de la religion réelle ou supposée, du pays d’origine etc…

Mise en place de procédures rendant réellement possible la  pénalisation du harcèlement sexuel au travail : prise en compte des preuves extra judiciaire créées par les victime comme par exemple  l’enregistrement des propos des harceleurs.

Revalorisation sociales des métiers du Care ( soin à la personne ), très féminisés, par une augmentation des salaires. 

Gratuité des transports.

Abrogation de la loi travail !      

• Education 

► Sensibilisation aux discriminations et stéréotypes de genre. Enseignement de l’égalité pour toutes et tous à tous les niveaux de la scolarité (de la maternelle aux études supérieures ). Inclure dans les cours d’éducation sexuelle la prévention contre les violences sexuelles. 

Revalorisation des études de genre et des sexualités par une augmentation des financements publics (les financements pour les études de genre ont été en grande partie coupés cette année par Pécresse).         

•  Santé, identités et sexualités
Légalisation de la PMA pour tou·te·s, et de la GPAChangement d’état civil libre et gratuit sur simple demande pour les personnes trans, et gratuité des démarches de transition (hormonothérapie, chirurgie, etc…)

► Dépénalisation des client·e·s et fin de la logique de criminalisation du travail du sexeAbolition du délais de prescription pour le viol et les agressions sexuelles.  Création d’instances féministes légitimes à prendre les plaintes pour viol et agressions sexuelles et sexistes sans avoir à passer par la police.  

• Justice, police
Abrogation immédiate de la loi assouplissant la légitime défense de la police, ainsi que des mesures concrètes pour mettre fin à l’impunité policière : abrogation du contrôle au faciès, dissolution de la BAC, désarmement de la police.Abrogation de la comparution immédiate.

Levée de l’État d’urgence.

 


[1] cisgenres / cis : personne dont l’identité de genre correspond à celle qui lui a été assignée à la naissance, inverse de “trans”.

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