Le 20 dans la rue, le 26 on continue !

Pour un mouvement LGBTQIA+ politique, unitaire et inclusif

Voici le texte que nous avons rédigé à l’occasion de la Marche des fiertés de 2021. Il répond à un double objectif :

  • expliquer notre positionnement vis-à-vis des différentes échéances et manifestation qui ont lieu cette année
  • proposer un socle de revendications et des perspectives pour l’ensemble du mouvement LGBTQIA+

En cette période de pandémie, où la gestion calamiteuse de la crise sanitaire par le gouvernement Macron a renforcé les inégalités, où les attaques antisociales se succèdent à un rythme effréné et où nos luttes sont constamment récupérées par l’État pour justifier des politiques racistes, nos communautés ont besoin de se rassembler largement pour faire front.

Une tentative a été amorcée début mai pour organiser une Marche des fiertés unitaire, sans succès. Cette année encore, il y a aura donc deux manifestations à Paris. Nous nous désolons de l’échec collectif à incarner, au sein d’une même marche, un mouvement LGBTQIA+ populaire d’opposition à la politique du gouvernement.

Le collectif Féministes Révolutionnaires participera aux échéances du 20 et du 26 juin et appelle l’ensemble du mouvement LGBTQIA+ à faire de même. Nous ne minimisons pas les divisions et les désaccords au sein du mouvement LGBTQIA+. Cependant, notre priorité doit rester l’unité quand elle va de pair avec l’inclusion de toutes et tous, car c’est ensemble que nous imposerons un rapport de force et que nous arracherons de nouvelles victoires. 

Avec la Marche des fiertés du 26 juin, dont le caractère institutionnalisé la rend de fait plus visible, nous voyons l’occasion de dialoguer avec une partie de nos communautés que l’on ne croise pas tout au long de l’année dans les milieux militants de région parisienne.
La présence au sein de cette marche d’un pôle des luttes qui assume une position contestataire vis-à-vis de l’État et de ses institutions est positive : elle permet de mettre en avant nos idées et nos revendications politiques au sein de la Marche des Fiertés pour les porter largement auprès des manifestant·es qui ne sont pas déjà sensibilisé·es à ces questions.

Ce pôle des luttes a déjà organisé un premier rassemblement le 9 juin pour l’extension du droit à la PMA. Nous saluons cette initiative et sommes convaincu·es qu’il faut aller plus loin que le traditionnel mois des fiertés.

Pour autant, nous partageons en grande partie les critiques faites par les organisations de la Pride radicale. Le fait qu’elle soit majoritairement appelée par des organisations de personnes LGBTQIA+ racisées n’est pas un hasard et doit nous alerter. Il ne s’agit pas uniquement de reconnaître que le racisme traverse la communauté LGBTQIA+ comme il traverse le reste de la société, mais il s’agit aussi de reconnaître l’incapacité du mouvement militant LGBTQIA+ à prendre en charge de façon effective les questions de racisme, d’islamophobie et de domination impérialiste.

De plus, nous nous opposerons toujours à la présence, dans nos manifestations, de chars d’entreprises capitalistes et racistes ou d’associations de policiers. La décision du FLAG! de ne pas participer à la Marche des fiertés cette année apparaît comme un élément inédit. La justification de cette non participation, à base d’amalgame « banlieue = criminalité = terrorisme », révèle une fois de plus le caractère éminemment raciste de l’institution policière. Le FLAG! assume que son projet de réforme de la police est incompatible avec le nôtre : celui d’une Pride populaire, qui ne s’arrête pas aux frontières du périph, et qui mobilise l’ensemble des LGBTQIA+ avec en première ligne les plus exploité·es et les plus opprimé·es d’entre nous.

La Pride radicale du 20 comme le pôle des luttes du 26 doivent être des points d’appui pour la construction d’un cadre pérenne qui va au-delà du mois de juin.

Pour cela, nous revendiquons :

  • le droit à la PMA pour tou·tes, intégralement remboursé, avec l’accès aux même modes de filiation que les couples hétéros
  • l’interdiction des thérapies de conversion
  • l’abrogation de la loi de 2016 dite de pénalisation des clients
  • l’interdiction des mutilations génitales sur les enfants intersexes
  • la dépsychiatrisation des parcours de transition

L’émancipation des personnes LGBTQIA+ est incompatible avec le système capitaliste. Nous appuierons toutes les initiatives pour faire exister un mouvement LGBTQIA+ large, populaire, féministe, anticapitaliste et antiraciste, sans illusions réformistes, sans compromission avec l’État et ses institutions, et coordonné sur la durée.

Les luttes sociales n’ont jamais rien gagné en un seul jour. Nous savons déjà que pour remporter une victoire, le mouvement LGBTQIA+ devra lutter deux fois plus longtemps.

Tant qu’il le faudra, féministes et révolutionnaires.

— Collectif Féministes Révolutionnaires

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