Violences adultistes, résistance enfantiste

Une minorité silencieuse et silenciée

Les enfant·es subissent de plein fouet l’intensification de la domination adulte. Les discours se font de plus en plus autoritaires à leur encontre et connaissent extrêmement peu d’opposition.

Il est plus que nécessaire de porter ces revendications au coeur de nos luttes : ce samedi 15 novembre, nous manifestons contre les violences faites aux enfant·es et aux ados. 

Ces violences imprègnent chaque strate de la société et sont essentielles au maintien d’un système fondé sur les dominations. 

La famille, foyer des violences

A commencer par l’institution familiale. En son sein, les violences sexistes et sexuelles sont monnaie courante, à commencer par l’inceste. C’est un enfant sur dix, trois enfants par classe et toutes les trois minutes en France, qu’un·e enfant·e est victime d’inceste, d’agression sexuelle ou de viol. Les enfant·es en situation de handicap sont plus exposé·es encore aux violences dans les maisons, environ trois fois plus que les enfant·es valides, et il faut multiplier par quatre leur présence dans les structure de l’aide sociale à l’enfance par rapport aux enfant·es non porteurs de handicap.  

La domination des adultes s’exerce aussi par les violences dites éducatives : or, soyons clair·es, il s’agit de maltraitance infantile. Ces violences, à leur apogée, sont synonyme de mort : depuis janvier, 40 enfant·es ont été tué·es par des adultes. 

L’école ou l’apprentissage de l’obéissance

Avec la complicité de l’Etat, les enfant·es sont enfermé·es dans des établissements qui non seulement ne les protègent pas, mais les violentent de plus belle.

Dans les écoles privées catholiques, les scandales fusent : à Stanislas la misogynie, l’homophobie et le racisme font partie intégrante de l’institution. A Betharram, ce sont 112 plaintes déposées pour violences sexuelles, physiques et psychologiques depuis les années 90. Alerté, à l’époque ministre de l’éducation nationale, Francois Bayroux a laissé faire comme tant d’autres adultes. A Pelussin dans la Loire, un collège abrite les mêmes scandales auxquels s’ajoutent des agressions racistes

Au sein même de l’école publique   

Environ 1200 cas de violences impliquant des personnels sur des élèves ont été signalés à l’administration ; ils concernent des violences sexuelles, physiques et verbales ayant eu lieu au sein de l’école publique. 

Celle-ci observe une recrudescence des politiques autoritaires, avec lesquelles viennent toujours plus de législations et de débats concernant l’habillement des jeunes filles. D’abord les t-shirts furent trop courts pour Jean Michel Blanquer, puis c’est au tour de Gabriel Attal de trouver les élèves musulmanes ou racisées trop couvertes. L’islamophobie et le racisme d’Etat s’attaquent directement aux libertés et aux corps d’enfantes et prétendent les protéger. 

L’hôpital, fabrique des violences sexuelles

Le Scouarnec, chirurgien, a continué d’exercer après une première condamnation en 2004 pour détention d’images pédopornographiques. On recense des centaines de victimes ; parmi elles, 256 avaient moins de 15 ans

L’hôpital ne se contente pas de protéger les médecins agresseurs : chaque année sont réalisées des chirurgies non nécessaires, invasives et sans le consentement des patient·es puisque mineur·es, souvent bébés. Des mutilations génitales et des traitements hormonaux lourds sont imposés aux enfant·es intersexes contre leur gré, pour faire correspondre leurs corps à des normes de genre sexistes.   

L’exploitation des ados au travail 

Grand·es oublié·es des luttes de travailleur·ses, les intérêts et droits des mineur·es ne sont pas défendus. Pourtant les apprenti·es et les stagiaires sont les plus exposé·es aux accidents du travail : 4 mineurs sont morts cette année durant leurs stages ou apprentissages. Un tiers des lycéen·nes sont concerné·es par les bac pro: ce sont principalement des élèves issus de classes populaires et plus particulièrement, des élèves issus de l’immigration. 

Le racisme d’Etat et les enfant·es exilé·es

Les mineur·es exilé·es sont persécuté·es par l’Etat. En témoigne la mise à la rue violente des mineur·es isolé·es de la Gaîté Lyrique en mars dernier. Dans les mois qui ont suivi, la police les a traqué·es dans Paris : non seulement des enfant·es dorment dans la rue, mais iels sont également chassé·es par les forces de l’ordre. Cela fait suite à la présomption de minorité qui n’est pas octroyée aux enfants racisé·es, sans cesse adultifié·es.

Au moins 1300 enfants étranger·es qui devraient bénéficier d’un hébergement, de la possibilité d’aller à l’école et d’être accompagné·es dans leur situation d’exil sont privé·es de ressources. L’Etat français ne protège pas les enfants, il est au contraire responsable de violences et de crimes racistes à leur encontre. 

Les enfant·es racisé·es, victimes de la police

Dès l’enfance, les enfant·es racisé·es apprennent à craindre une police raciste, meurtrière et adultiste.

Il y a 20 ans mouraient Zyed et Bouna, 17 et 15 ans, électrocutés alors qu’ils étaient poursuivis par la police à la sortie d’un match de foot. Depuis, de nombreux noms d’enfant·es et d’adolescent·es, tué·es dans le cadre d’interventions policières, se sont ajoutés aux leurs : Karim (2005), Yanis, Laramy et Mouhsin, Raouf Taïtaï et Tina Sebaa (2007), Ilies (2008), Ahmed (2010), Ahamadou Marega (2012), Morad Touat (2014), Elyes (2015), Curtis Robertin (2017), Adam Guinaeve, Adam Soli et Daniel (2019), Yanis (2021), Julien (2022), Nahel Merzouk (2023). Et tant d’autres encore…

L’ASE, l’abandon social des enfants

Victimes de coupes budgétaires toujours plus austères, les structures de l’ASE ferment et celles qui restent ouvertes sont surchargées. Certain·es ados sont logé·es dans des hôtels ou des campings, faute de lits, et les personnels encadrants sont pour beaucoup mal formés. Les conditions d’hébergement, d’encadrement et de soins varient grandement en fonction des départements et des politiques locales. 

A l’échelle nationale, la réalité est scandaleuse : violences sexuelles, réseaux de proxénétisme pédocriminels, suicides des enfant·es placé·es. Les violences sont systémiques au sein de l’ASE. Les ancien·nes enfant·es placé·es représentent un quart des sans abris en France, résultat de l’abandon de l’Etat. 

Les enfant·es au cœur de nos luttes

Les enfant·es sont la cible de récupérations politiques : est brandie à tout va leur protection pour servir des discours et agendas racistes, transphobes et réactionnaires. Et les mêmes qui usent de ces rhétoriques se dressent en défenseur·ses de l’autorité toute puissante des adultes sur les enfant·es et ordonnent des coupes budgétaires dont les victimes premières sont mineures. 

La domination des corps infantiles est indispensable au capitalisme et au patriarcat, et donc indissociable de nos luttes féministes. 

Renversons le système, mettons fin à leur monde, pour que les enfant·es grandissent sans violences : faisons tomber la domination adulte. 

Marchons ensemble contre les violences systémiques et structurelles qui sont faites aux enfant·es le 15 novembre, RDV Place du Droit des enfants – Paris

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